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Les enjeux des figures de style fondamentales

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Les enjeux des figures de style fondamentales Empty Les enjeux des figures de style fondamentales

Message  Vincent Jeu 1 Oct - 18:25

Le message suivant sera, pour nous, la base d'une réflexion sur la "philosophie de la littérature" (un pan de la philologie). Je vous invite effectivement à traiter des notions de continuité / possibilité d'une rupture / rupture dans le cadre de la littérature. Dans ce cas précis, ces notions sont traduites par le style littéraire. Le message suivant (notre base de travail, si vous le voulez bien) s'annonce comme une concentration de mes matériaux de cours, de mes notes de cours et de mes notes de lectures. Je philosopherai à la suite de celui-ci mais d'ici là, j'espère que vous m'aurez précédé.


Parmi les figures de style, on peut nommer l'usage de métaphores, les moments lyriques, les phrases hachées, les changements de focalisation et le rythme. Elles définissent un style d'autant plus lorsqu'elles s'annoncent comme des infractions à l'ordre du discours. Par exemple, chez un auteur moderniste qui frôle le réalisme (tel que D. H. Lawrence), une introduction soudaine de symboles (un changement de registre) se présente comme une infraction significative qui n'est pas dénuée de sens. On a l'impression, en lisant Lawrence, que la réalité se craquelle pour faire place à une sorte de sentimentalisme romantique assis sur des symboles (le soleil rouge, la fleur blanche, etc).

Cela dit, je tiens à parler, ici, d'autres figures de styles. Elles sont réparties en 3 catégories selon leurs enjeux et leurs significations :

  1. Celles qui traduisent la continuité.

  2. Celles qui traduisent la possibilité d'une rupture.

  3. Celles qui traduisent une rupture.


Concernant la 1ère catégorie, de celles qui traduisent la continuité, on trouve :

  • L'allitération : répétition marquée d'une voyelle ou d'une consonne.
    Ex. : "Et comme tu t'en vas retourne t'en ainsi."

  • La Répétition : répétition d'un même mot plusieurs fois.
    Ex. : "Qu'heureux tu es (Baïf), heureux et plus qu'heureux."

  • L'anaphore : reprise d'un même mot ou d'un même groupe de mot au début d'un vers ou à l'hémistiche.
    Ex. : "Je n'écris point d'amour, n'étant point amoureux
    Je n'écris de beauté, n'ayant de belle maîtresse
    Je n'écris de douceur, n'éprouvant que rudesse[...]"

  • L'enjambement : figure qui consiste à marquer la continuité entre la fin d'un vers et le début du suivant. Le lecteur est appelé à lire la fin de l'un et le début du suivant sans reprendre son souffle.
    Ex. : "Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème >
    < De la Mer, infusé d'astres, et lactescent." (Rimbaud)
    Cette figure de style, si l'on trace un lien au crayon entre la fin d'un vers et le début du suivant, évoque une forme de serpant. Corneille utilisera justement l'enjambement (et l'allitération sur la consonne "s") lorsqu'il traitera des serpants.


Concernant la 2ème catégorie, de celles qui traduisent la possibilité d'une rupture, on trouve :
  • La figure étymologique : proximité de deux mots issus de la même racine étymologique.
    Ex. : "Qui fait languir ton coeur doucement langoureux."


Concernant la 3ème catégorie, de celles qui traduisent la rupture, on trouve :
  • La paronomase : ressemblance phonique de deux mots rapprochés ou symétriques.
    Ex. : "Fertile est mon séjour, stérile était le sien."

  • L'anti-thèse : figure qui consiste à comparer/contraster deux éléments.
    Ex. : "Fertile est mon séjour, stérile était le sien" (bis)

  • Le paradoxe : mise en opposition de deux données ou situations irréconciliables.
    Ex. : "Je n'aime la feintise, et <mais> me faut déguiser" (encore que c'est un exemple imparfait)

  • Le chiasme : association de deux termes inverses (si on fait le lien entre les deux mots identiques dans chaque couple, ou obtient une croix).
    Ex. : "Toi qui m'a plus aimé que ta vie et tes yeux,
    Toi, que j'ai plus aimé que mes yeux et ma vie."

  • L'oxymore : expression associant deux termes de significations contraire ou difficilement compatible.
    Ex. : "douce rudesse." ou "les fleurs du mal" (Baudelaire)

  • La comparaison : substution d'un terme ou d'une expression par un autre sur la base d'une ressemblance implicite.
    Ex. : "En voyant au milieu du vice déréglé
    Cette royale fleur, qui ne tient rien du vice." Cette royale fleure = Marguerite de France

  • Le rejet : figure qui consiste à marquer une sézure significative à l'hémistiche.
    Ex. : "Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
    De la Mer, ] infusé d'astres, et lactescent." (Rimbaud)
    Le terme "mer" est isolé de ce qui y succède, il est mis en lumière ou relégué dans l'ombre, "rejeté".



Post-Scriptum : l'intégralité des citations proviennent de Du Bellay (Les Regrets), excepté les deux dont j'ai cité l'auteur dans le texte (Rimbaud, Baudelaire).
Vincent
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