L'architecture littéraire

L'architecture dans la littérature. Ou comment le style littéraire s'érige.

Prenez le Coran, Livre et Tradition du desert, dont Mahomet et les tenants n'ont pas eu à répondre aux philosophes grecs : le Livre est sobre, "desertique", dans un vocabulaire et un imaginaire (conceptuel) précaire. Prenez la Phénoménologie de l'Esprit (Hegel), suprême édifice allemand qui a le visage d'une cathédrale gothique : 1) le vocabulaire est riche et noble 2) la littérature hégélienne se veut être une chose dans le monde, qui transforme la conscience du lecteur et le guide sur un chemin initiatique jusqu'au sommet de la tour d'où l'on voit le soleil 3) la conception est totalisante, globalisante (le pacman de la philosophie). C'est bel et bien un monument philosophique, un édifice, une cathédrale. Mon hypothèse est que ce n'est pas un hasard si une telle architecture littéraire et conceptuelle correspond à l'architecture des bâtiments allemands (en particulier gothiques).
Prenez un Cervantes. Il ne se trouve pas au Chili, certes - il a tout de même rêvé du Potosí Bolivien - mais il voit les étoiles plus clairement en Espagnone qu'on ne les voit en France, Allemagne, ou en Suisse. Et son Quijotte aspire à atteindre l'inaccessible étoile. Son style littéraire, poussière d'étoile, est tout entier orienté dans cette quête, cette course - écriture hachée, glorieuse mais las. C'est de l'architecture céleste qu'il parle et non de celle celeste (on appellera ça "littérature cosmique").

Bref, je fais l'hypothèse que la littérature et les conceptions sont isomorphes à l'architecture prédominante dans le pays de l'auteur.